Comment faire appel d’un jugement ?
Vous avez reçu un jugement qui ne vous convient pas et vous ne savez pas quoi faire 😤.
Est-ce que vous pouvez le contester ? comment faire ? combien cela va vous couter ?
Cet article répond à vos questions concernant l’appel en matière civile (hors pénal et procédures spécifiques)
FAIRE APPEL D’UN JUGEMENT CA VEUT DIRE QUOI ?
En France et dans de nombreux pays (heureusement), nous bénéficions d’un droit fondamental qui est celui de pouvoir contester une décision de justice. Nous appelons cela le double degré de juridiction.
Cela signifie que nous avons tous ( sauf pour un jugement rendu en dernier ressort) le droit de demander à des nouveaux juges devant une nouvelle juridiction de reprendre tout notre dossier, l’examiner, entendre une nouvelle plaidoirie de notre avocat et rendre une nouvelle décision.
Lorsqu’un tribunal rend un jugement, nous faisons appel devant la cour d’appel dont dépend le tribunal de première instance.
Quand j’écris « nous », je parle des avocats.
COMMENT FAIRE APPEL D’UN JUGEMENT ?
En effet, pour faire appel vous devez nécessairement passer par un Avocat. La profession d’Avoué ayant disparu, tous les avocats peuvent désormais saisir seul la cour d’appel de leur ressort.
Vous devez donc confier votre jugement et votre dossier à un Avocat qui s’occupera d’enregistrer une déclaration d’appel. Il s’agit d’un acte que nous faisons de manière totalement dématérialisée par l’intermédiaire d’une clé sécurisée appelée « RPVA » (réseau privé virtuel des avocats).
Nous utilisons cette clé pour nous connecter à ce réseau privé entre avocats et juridictions et enregistrer notre déclaration d’appel. Ensuite, le greffe de la cour d’appel nous envoie une déclaration d’appel avec un numéro d’enregistrement (numéro RG) et une date précise.
Cette date est hyper importante 🧐. Elle marque le début de votre procédure d’appel et le point de départ de votre délai pour conclure (je ferai un article sur ce sujet).
COMBIEN CELA COUTE-T-IL ?
A tout principe, son exception.
Contrairement au principe de droit selon lequel l’accès à la justice doit être libre, contester un jugement en France nécessite le paiement d’une taxe 💶.
En effet, pour faire appel vous devez payer un timbre fiscal de 225€ qui vient abonder le fonds d’indemnisation de la profession d’avoué. Il est prévu que ce timbre demeure jusqu’en 2026.
👉 pour de plus informations au sujet de cette taxe :
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000023883332&dateTexte=20181007
Précisons que cette taxe n’est pas due pour les appels contre les jugements prud’hommaux (et autres exceptions).
Outre cette taxe, vous devez payer les honoraires de votre avocat. Ces honoraires sont libres ce qui signifie que chaque avocat pratique les honoraires qu’il souhaite afin de couvrir ses charges et se rémunérer. Disons qu’en règle général, les honoraires d’appel sont les mêmes que les honoraires de première instance.
Selon vos revenus, vous pouvez bénéficier de l’aide juridictionnelle. Dans ce cas, vous n’aurez pas de timbre fiscal à payer.
QUELLES SONT LES CONSEQUENCES ?
Lorsque vous faites appel d’un jugement vous demandez à de nouveaux juges de tout ré-examiner dans le détail.
Une procédure d’appel dure en moyenne entre 6 mois et 2 ans.
Devant la cour d’appel, votre dossier sera normalement jugé par trois juges, alors que souvent en première instance le juge est seul. J’écris « normalement » car il existe toujours des exceptions en droit, je pense que vous l’avez compris maintenant…
La cour d’appel va juger les faits et le droit. Cela veut dire :
- qu’elle va reprendre tous les faits du dossier (ce qu’il s’est passé) et qu’elle va les analyser
- qu’ elle qualifie juridiquement. Elle va ainsi dire quelle règle de droit s’applique à ces faits.
- Qu’ elle va en tirer les conséquences nécessaires : constater, juger, condamner…
Le Tribunal a rendu un jugement, la Cour va rendre un ARRET.
Soit tout le monde accepte les termes de cet arrêt, soit une des parties les conteste.
Dans ce cas, il faudra alors faire un pourvoi en cassation…
Mais cela, c’est encore une autre histoire…